ALBUM DE L’EXPOSITION INTERNATIONALE DE  1929 A BARCELONE.
(Partie de l’album)

Par Patrice BALLESTER - GEODE / UMR 5602 CNRS


Plan de l’Exposition internationale de 1929 à Barcelone, Guide officiel Castillan, 1929, double page. 1929 MB.

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Le contexte de l’après exposition universelle de 1888 et l’objectif de la Gran Ciutat.

    A partir de 1900, c’est une litanie qui ponctue toute discussion politique entre Catalans, celle de la gran ciutat ou parfois de l’expression Gran Barcelona et de l’apport en grands équipements d’infrastructures structurants pour accompagner la croissance. Le souvenir de l’exposition de 1888 est grand car le parc de la Citadelle ne devait être qu’une parenthèse heureuse et embellie dans l’action contre la réalisation du plan Cerdà ou de son détournement à cause de sa monotonie.

    En 1888, l’exposition universelle de Barcelone démontre aux autres nations européennes que seule la Catalogne peut relever le défi d’une exposition tout en devenant la vitrine de l’Espagne industrielle reconnue. En outre, l’année 1888 marque le début de rudes mouvements migratoires d’exode rural vers la capitale, avec l’afflux d’ouvriers en masses qui ne repartiront pas. Se retrouvent à la tête de l’exécutif catalan, des hommes politiques, intellectuels, architectes associés au processus d’extension de Barcelone sur la base du plan Cerdà. Des militants actifs de partis nationalistes conservateurs aux défenseurs d’une position actuelle moderniste, tous veulent faire progresser et reconnaître le fameux « génie catalan ». Demeuretoutefois le désir d’infléchir la trame Cerdà qu’ils jugent trop stricte et monotone. On trouve deux courants représentatifs d’une vision catalane :
- Le courant régénération culturelle bourgeoise de la Lliga regionalista (œuvre Antonio Gaudi notamment).
- Le courant progressiste de gauche avec une vision sociale et globale de la cellule urbaine (plan d’ensemble d’urbanisme hygiéniste comme celui de Père Garcia Farià).

    Après 1888, un processus de comblement au fur et à mesure de l’Eixample se produit. Les autorités municipales veulent trouver une solution de rattrapage au plan uniforme de Cerdà. C’est le concours et la commande du plan Léon Jaussely. De 1905 à 1917, l’architecte urbaniste français, lauréat du concours, va administrer et proposer des plans pour l’extension et le réaménagement de l’Ensanche de Cerdà. Une cinquantaine de planches de cartes et de croquis sont proposés. Y est ajouté un texte explicatif et démonstratif. L’auteur introduit une nouvelle conception du maillage des voies et de la localisation des activités par le zoning. Il dessine d’autres diagonales et permet l’ouverture de la voie Laietana. Jusqu’en 1917, seules quelques-unes de ces propositions rationnelles sont finalement retenues pour laisser place à d’autres plans d’ensemble métropolitain. Dès 1905, l’idée d’une nouvelle exposition et d’un métro associé à un parc de loisirs et de foire, mûrie. Le plan Jaussely comporte dans toutes ces ébauches, un complexe de foire moderne avec des bâtiments adaptés aux nouvelles exigences de démonstration de produits. Une fois le projet définitivement abandonné avec la crise de 1917, changement de président de la Mancommunitat, Moderniste, puis noucentiste. Josep Puig et Cadafalch arrivent à la présidence en 1917, à la mort de Prat de la Riba. Problèmes financiers de la municipalité et de débats sur la priorité abordés pour la ville dans un contexte de début de crise économique due à la Grande Guerre et position de neutralité de l’Espagne vont voir deux autres architectes catalans, Romeu et Porcel intervenir avec le Plan des Infrastructures qui est mis en application. L’objectif est à nouveau de doter la ville de grands équipements pour conserver sa vocation de ville commerçante et plateforme financière tout en redessinant les artères sur le modèle Jaussely.

    Après le parc de la Citadelle, c’est Montjuich qui est choisi. Au départ, en 1894, le projet initial d’urbanisation d’un parc est confié à Amargos i Samaranch, et au début du XXè siècle, la « montagne mystérieuse » devient un lieu de promenade et d’agrément où se tiennent d’importantes manifestations festives et florales. C’est en 1907 que naît l’idée de réaliser une nouvelle exposition prévue pour 1917 et définie comme double : « l’Exposition Générale Espagnole » + « Exposition des Industries Electriques ». Bien sûr, en raison de la première Guerre Mondiale, de la crise économique et des événements politiques, ainsi que de la dictature de Primo de Rivera, l’Exposition Internationale n’aura lieu qu’en 1929. Montjuich fait attendre les barcelonais qui savent ce que cette colline représentent à leurs yeux. Autre aspect intéressant lors de l’Exposition Internationale : la tenue, au sein du pavillon de la ville de Barcelone, d’une exposition la « Barcelona Futura ». Les autorités municipales présentent au grand public la Barcelone du futur avec cartes, plans et prédiction de la nouvelle aire urbaine. D’un pont gigantesque sur le Llobregat à une station aérienne pour la ville future, tout y est décrit et présenté par M. Rubio i Tuduri architecte en chef. Une expo pour exposer sa ville et projeter son destin…

Hypothèses : le modèle milanais, parisien et de Chicago pour Barcelone 1929 ?

    La problématique de Barcelone 1929 n’est autre que la constitution et le rayonnement d’une grande foire avec en parallèle le réaménagement d’un territoire de vie, commun aux Barcelonais, la colline de Montjuich. Barcelone veut infléchir sa destinée sur le fait de devenir une ville foirail  ou de foire d’importance en Europe ;  son souhait est d’entretenir ce modèle sur plus d’un siècle. A cette fin, la quête de l’équipement urbain prestigieux comme moyen d’exister, de se révéler et de compter au plan international, est manifestement ancrée dans l’histoire de Barcelone. Sa stratégie à long terme est de se différencier des autres tout en comptant sur sa géographie et sa culture si particulière. 1888 est l’année de la première exposition pour laquelle la ville se dote d’un emplacement destiné aux différentes foires dans des bâtiments qui deviennent très vite obsolètes et trop petits face à la demande sociale et entrepreneuriale. La toute nouvelle association - organisation des Foires de Barcelone est créée en 1888 et en 1920, elle se pose la question de la diversification et de l’inscription durable comme héritage économique et commercial dans une trame urbaine. Il en va donc de la destinée d’un nouvel espace disponible pour l’occasion, à savoir la friche militaire libérée par Madrid sur les flancs de la colline de Montjuich dans les années 20 (même contexte qu’en 1850/1880 avec l’obsolescence des infrastructures militaires).
 
    1920 devient l’année de la première Foire internationale de Barcelone et l’année suivante a lieu le premier Salon International de l'Automobile. En 1922 naît le Salon de la Mode. En 1923 c’est au tour de l'Exposition Internationale du Meuble et la Décoration, et de la Technique de Construction de s’ouvrir. La concurrence amène les Barcelonais à réagir face à une ville entreprenante comme Milan et sa grande foire, plus la triennale d’Art Décoratif. Le parallèle entre les deux est signifiant à plus d’un titre.

1. Milan 1906 :

     L’une des expositions les plus représentatives et les plus comparables avec l’exposition de 1929 de Barcelone, est l’exposition de 1906 de Milan sur le thème des transports associée plus tard à la création de la triennale en 1923. Barcelone s’en inspire largement. C’est à la limite de la ville que deux parcs urbains sont construits. La métropole s’accapare des friches militaires délaissées et obsolètes (objectif d’une défense statique avec un fortin). Quelques années après ces deux succès d’estime parus dans la presse européenne, on décide d’organiser une Exposition internationale pour 1906 dotée d’un budget de 12 millions de Lires. Contre deux millions pour les deux précédentes. L’objectif est clair : faire venir un nombre croissant d’exposants, et après l’exposition, requalifier la zone (notamment la place des Armes), en un espace spécialement dédié aux Foires et aux manifestations commerciales. C’est l’origine de la célèbre – Foire de Milan – reconnue actuellement par le Bureau International des Expositions. L’exposition de 1906 gratifie la ville d’un nouveau parc récréatif pour les habitants de la cité et d’un aquarium civique réemployé ensuite. Pour la société milanaise, c’est l’héritage à long terme d’un parc principal, aujourd’hui poumon de la métropole. En fait, l’Exposition internationale de 1906 est une parenthèse heureuse pour Milan et la Lombardie. Avec plus de 35 000 exposants venus du monde entier et près de 40 nations présentes, la cité industrieuse montre son savoir-faire et fait savoir au monde sa potentialité et sa force commerciale grandissante.  Les plus de 5 millions de visiteurs ne se sont pas trompés sur le caractère festif, ludique, pédagogique, mais aussi commercial et industriel de l’événement. Une nouvelle ère s’ouvre pour Milan avec le tunnel du Simplon. L’inauguration de l’exposition a lieu le 28 avril 1906 sur l’actuel espace urbain que constitue le Parc du Simplon et la Place des Armes. A nouveau, on associe train et expo et moyens de communication sur le continent. L’exposition prend fin le 11 novembre 1906 et l’inauguration du tunnel fait partie intégrante de son programme/propagande. C’est une fête du travail liée à l’industrie, montrant la potentialité de la nation italienne et des Lombardiens. La locomotive est à l’honneur puisque les deux aires d’exposition sont réunies par un chemin de fer suspendu.

     La recherche du prestige, du durable et la requalification urbanistique de périphérie ou friche urbaine dans le cadre d’une manifestation éphémère, telle est la définition de cette exposition ne différant que de peu des intentions barcelonaises. Ce prestige se vérifie dans un premier temps avec la reconnaissance du succès de l’exposition au plan international et sa résonance dans le domaine des transports européens. La bonne idée des autorités milanaises est de la faire coïncider l’inauguration du tunnel du Simplon. La gestion comptable et les répercutions bénéfiques pour un tissu industriel sont dans un second temps un aspect incontournable à ces expositions milanaises.  Planifier, ordonnancer, comptabiliser et s’exposer : la cité lombarde entre dans le XXe siècle avec, à l’horizon, la foire internationale permanente des Arts Décoratifs et du Design reconnue par le BIE depuis 1923. Précisons que l’aspect symbolique influe grandement en cette période avec la volonté d’ouvrir le Nord de l’Italie à l’Europe via le Simplon et son nouveau tunnel entraînant alors une nouvelle géographie de l’Europe ferroviaire. Pour l’occasion, l’exposition couronne les prouesses techniques et la nouvelle ligne Europe du Nord /Europe du Sud via l’Italie et sa gare principale, Milan.

    Il faut ajouter que, concernant les modèles d’actions barcelonais pour 1929, on ne peut éviter le parallèle avec Paris, l’une qualifiée de «Paris du Sud de l’Europe », l’autre de «ville lumière » dans l’entre deux siècles. Dans la « Veu de Catalunya », Josep Puig y Cadafalch donne dans une série d’articles sa vision de sa Barcelone future en comparant et en enviant les grandes opérations d’urbanisme dans des villes comme Londres, Bruxelles, Vienne et Paris. Il décrit les grandes perspectives urbaines parisiennes et ses musées. Comment ne pas superposer sa vision et son projet définitif de grande percée donnant sur le Palais National à Montjuich ? La colline de Chaillot trouve son double en la colline de Montjuich. « Le Pont Alexandre avec les deux Palais de l’art antique et moderne, le Petit Palais et le Grand Palais que surplombe la coupole dorée des Invalides dans une esplanade magnifique, le tout dans une magnifique perspective splendide qui va de l’Arc de Triomphe au Louvre ».

Montjuich en 2000, vue vol d’oiseau, le complexe de foire et grands parcs ludique, récréatif et paysager connu et pratiqué par les barcelonais.

 

 

Montjuich en 1954, du Palais National, la nuit, un jeu de lumière permet de prendre la mesure des panoramas possibles  depuis la colline de Montjuich devenu un haut lieu de l’identité catalane. CPB.

 

     Il y a donc assimilation d’une pratique monumentale par rapport à l’exemple parisien et assimilation et tentative de rentrer dans une concurrence commerciale avec le cas européen milanais. Haussmann et Jaussely sont à leur tour des sources d’inspirations pour les futurs Palais et ronds-points de l’exposition dans le cadre du Beautiful City mouvment et de la dernière exposition référence pour son architecture des beaux-arts, Chicago 1893 qui manifestement a beaucoup inspiré Cadafalch.

L’empreinte urbaine d’une exposition spectacle : La pérennisation d’une grande foire, traitement paysager et urbanisation d’une colline.

    L’Exposition de 1929 est donc un consensus dans son évaluation et sa projection en tant qu’événement qui fonctionne comme un outil économique, catalyseur et urbanisateur, pour une planification paysagère globale et le développement d'une zone non urbanisée dans la montagne de Montjuich qui jusque-là été employée à des fins militaires pareillement à la Citadelle. Son impact direct repose sur la consolidation d'un nouveau parc et des bâtiments pour la grande foire annuelle, ainsi qu’une entrée monumentale baroque néo-classique. Cependant, la ville entière tire bénéfice d'un système d’avenues, de parcs, de bâtiments, et de places construites à cette occasion. C’est la plus grande exposition depuis la Grande Guerre, en cela un autre titre de gloire pour Barcelone et l’Espagne. Sont également considérés certains travaux d’infrastructures (stations de métro, gare, souterrain urbain, parcs récréatifs, théâtres en plein air, grand axe monumental, téléphérique reliant la colline au port, aménagement de la desserte de la zone franche du port). Les dimensions du projet sont toutes autres que celles de l’exposition 1888.

    La complexité du projet impose une série d’expropriation et de réappropriation des flancs de la colline par la mairie. En 1908, c’est le futur parc Laribal qui est récupéré par la ville, en 1914, c’est un accord tripartite qui est signé ou imposé avec les propriétaires de la collines, Madrid (disposant de la Citadelle) et Barcelone pour les débuts de l’urbanisation, enfin en 1915, les dernières expropriations forcées sont procédées. On parle des ouvrages d’urbanisation de Montjuich et de fastidieux travaux (les plus importants jusqu’en 1919) comme en témoigne les photographies du catalogue officiel des travaux de terrassements, de percements et de construction de voiries.
 
    L’actuel aménagement de Montjuich est la synthèse de toutes les anciennes propositions des architectes qui se sont succédés sur le projet. En 1915, Cadafalch accentue l’importance donnée au Palais national en vue d’une scénographie majestueuse. Malgré son éviction en 1923, il propose qu’en même son projet à la nation par voie de presse. Le plan Armenter est aussi repris en compte pour les flancs de la colline et jonction avec la Grande Via et le jardin.1916 marque le début des grands travaux et l’impossibilité d’un retour en arrière ou sur un autre site pour l’exposition. Un groupe d’architecte est désigné : avec la place d’Espagne comme rond-point régulateur et jonction entre Eixample et Montjuich et une grande cascade par les architectes Domenech i Muntaner et Vega i March pour la partie haute enfin c’est  Sagnier et Font pour la section Miramar. De grandes avenues et un passage central sont percés, ainsi que des plantations d’arbres ; c’est un projet d’intégration complet d’une montage à une ville, (Grandas, Sola-Morales 1985 /1988). On retrouve aussi les figures imposées des grandes expos avec une grande fontaine de l’architecte scénographe Buigas, le stade prévu pour les JO de 1924 est construit, ainsi que le fameux village espagnol et le palais d’exposition des machines et produits divers.

    Cette exposition est aussi un réceptacle des problèmes d’espaces verts que connaît Barcelone. En 1916 la capitale régionale dispose seulement de 26 hectares de jardins récréatifs. Or Montjuich représente un potentiel de 110 hectares. Si l’idée de départ du plus grand paysagiste catalan, Mario Rubio i Tuduri, est de créer une zone verte, un arc vert, entre Llobregat et Besos à travers les collines en arrière plan de Barcelone, l’expo est une occasion qui permet en 1930 de compter 447 hectares d’espaces verts à Barcelone dont les deux principales superficies proviennent du parc Guëll et de Montjuich. Fortement imprégné de la culture méditerranéenne des jardins, et avec son ami sur invitation de Francisco Cambό, détenteur de pouvoir politique régional, Jean-Claude Nicolas Forestier est invité pour la réalisation d’un parc à Montjuich : parcs emblématiques de nos jours comme la fontaine des chats, le théâtre Grec, parc Laribal, le Miramar…

    Les 10 millions de pesetas octroyés par Madrid en 1913/1914 pour créer la Junta Directiva de l’Exposiciόn, couplés au financement de la mairie, permettent en 1923 une première expo nationale d’agriculture et de meubles, dans un bâtiment annexe du grand palais pour attendre officiellement l’année 1925 et la décision de projeter pour de bon l’expo tant attendue en 1929.

    Alors, la ville se fait belle pour l’occasion. C’est un autre aspect de ces expositions. « Il n'est pas aussi difficile donc de penser à ces deux Expos de Barcelone comme phénomène de la "sophistication" progressive des stratégies conscientes qui tendent à utiliser ces événements en tant qu'outils urbains d'intervention de développement. Néanmoins, nous pouvons encore dire que la stratégie de planification de l'Expo de 1929 n'était pas essentiellement différente à l'utilisation traditionnelle des parcs et des espaces ouverts existants, catalysant quelques améliorations sur elles, qu'à d'autres stratégies plus avancées orientées sur fixer un impact important sur la structure urbaine de la ville».

   Barcelone 1929 est plus qu’une banale exposition. C’est une exposition internationalement reconnue et pourvoyeuse de sens pour les prochaines. L’Exposition internationale de Barcelone de 1929 intègre dorénavant le cadre des grandes expositions dites de première catégorie dans le sens où cette fois-ci tout a été pensé pour n’être plus éphémère, mais durable pour la trame urbaine de la ville catalane. Elle offre une solution nouvelle et originale en pourvoyant la ville d’équipements lourds indispensables à la promotion de son commerce et de son industrie, tout en proposant une intervention paysagère d’envergure avec «l’enjardinement »  de la colline de Montjuich. D’ailleurs, le cas de l’exposition de 1929 est une source de réflexion pour les architectes/urbanistes européens, notamment pour Rome 1942 et Bruxelles 1958. Barcelone ne commence-t-elle pas à surpasser Paris en proposant une urbanisation complète, plus un enjardinement, des musées, un métro, des bâtiments (toujours debout) pour sa foire, dans un lieu privilégié par les Barcelonais et en périphérie de l’ensanche? Paris 1925 n’a pratiquement rien laissé et Paris 1937 est intra-muros.

    Les dimensions ne sont plus les mêmes, (plus de 100 hectares) et bien que Barcelone reproduise ou présente un fac-similé des expos comme celles de Lyon, Milan ou San Francisco, Chicago, elle reste néanmoins une avancée notable pour la ville et ses décideurs en matière de planification. L’expo de 1929 entre dans un jeu de planification et de contrôle/extension de la croissance urbaine d’une capitale dans ses moindres détails. A l’occasion de l’aménagement de la colline de Montjuich,  la ville se dote principalement d’un rond-point régulateur pour la circulation des voitures et l’échange entre les docks, les douanes, les entrepôts de la foire en relation avec un métro, un téléphérique et une zone de fête foraine et militaire en cours de rénovation: le détail est le suivant.

  1. D’un centre de foire moderne (plus de 7 grands bâtiments modernes de 50 000m² en moyenne).
  2. D’un axe monumental reliant l’Eixample par l’intermédiaire d’un rond-point régulateur.
  3. D’un métro planifié pour l’occasion et reliant centre commercial de la ville (gares) et emplacement de la foire.
  4. D’un parc paysager de loisirs et de détente.
  5. Une fontaine monumentale et une allée de jets d’eau sur plus de 500 mètres.
  6. D’un Palais National surplombant la ville et la dotant d’un complexe de musées et de célébrations de la fête nationale dans une grande salle comme pour le Crystal Palace à Sydenham.
  7. D’un téléphérique emblématique reliant le port à la colline.
  8. Un complexe sportif d’envergure avec un stade olympique de dimension raisonnable.
  9. Une image positive dans la Mostra d’architecture avec le pavillon allemand de Mies Van der Rohe qui fait contrepoids avec une attraction touristique durable, le village espagnol qui est néanmoins un pastiche dans l’ensemble réussi des styles architecturaux espagnols des maisons traditionnelles.
  10. D’un emplacement pour les fêtes foraines et terrains libres pour de futures piscines, restaurants, cafés, entreprises.
  11. Des illuminations, encore existantes de nos jours, sur l’artère centrale et au sommet du palais national.

   
Autres aspects non négligeables de cette exposition : la création, prolongement rénovation des lignes de métro ou gares. Classique du genre en prévision de visiteurs qui viendront en masse. Une fois de plus, prenons les cas de Paris et de Barcelone. Exposition et moyens de transports sont souvent indissociables. Les deux villes se sont trouvées presque en même temps, confrontées à la problématique de l’acheminement des visiteurs des expos. C’est avant tout la première ligne de métro créée à Barcelone pour l’occasion et inaugurée en 1929 pour acheminer les visiteurs vers la Place d’Espagne. Dans le guide officiel des visiteurs, on indique ce nouveau moyen de locomotion pour accéder sans encombre à l’expo. On y trouve même un plan détachable avec la ligne du métro et du funiculaire menant à Montjuich « Avec le Métropolitain transversal, avec une grande capacité et facilité grâce à ses voitures et stations, par la rapidité de ses fréquences et de son trafic, libre de tous désagréments de la ville et par l’économie de son tarif ; c’est le populaire Métro Transversal moyen indiqué pour aller à l’Exposition. Le trajet, Place de Catalogne à la Place d’Espagne s’effectue en cinq minutes».  Puis c’est Paris en 1931 avec l’Expo Coloniale de Vincennes. Une ligne de métro est construite à cet effet. Toujours à Paris en 1937, on prolonge et on  rénove des lignes pour faciliter la circulation des visiteurs le long de la Seine. Le distinguo entre piétons et voitures est bien fait dans le plan de l’expo 1937 «  Il  est préférable, en effet, de laisser à l’automobile la liberté de ses mouvements dans les voies desservant l’extérieur de l’îlot : système séparatif en matière de circulation, dont une première et modeste expérience a d’ailleurs été faite au Rockefeller Center de New York».
 
    Autour de la problématique des infrastructures de transport, c’est toute l’armature urbaine que l’on analyse afin d’assurer aux visiteurs une plus large possibilité de transports pour se rendre sur le site d’accueil. La construction de la ligne 1 de Paris pour l’Expo 1900 est entreprise bien des années avant sa tenue. D’autres suivront en 1931 et en 1937, afin d’amener les millions de visiteurs, provoquant chez les décideurs du moment la nécessité de créer le concept d’aménagement à long terme par les autorités métropolitaines.

    Puis, il faut attendre 1942 pour voir l'activité de foire après la guerre civile devenir le moyen de réactiver l’économie de la cité catalane sous le joug franquiste. Pendant de nombreuses années, la Foire est la vitrine de l'industrie catalane et espagnole. En revanche, Madrid n’est pas au même niveau et Barcelone entame une diversification de nouveaux produits: alimentation, automobiles, appareils électroménagers.
 
    En 1948, Philips la choisit pour effectuer la première retransmission de télévision en Espagne. À partir de 1960, la libéralisation économique qui profite de la forte croissance européenne ouvre une nouvelle étape de la Fira avec davantage de participation étrangère et transactions commerciales. En suivant les tendances internationales, on renforce les foires spéciales comme le Salon Nautique (1963), Sonimag (1963) Festival de l'Enfance (1963), Chimique Cosmétique (1965), Salon de l'Automobile (1966), Graphispack (1966), etc. Avec le rétablissement de la démocratie, Fira de Barcelone redéfinit son rôle dans l'économie du pays. En 1991, l’année précédant les Jeux Olympiques décisifs pour la projection de la ville, a lieu la dernière Foire d'Échantillons de caractère général. Pour confronter ses défis du futur, en 1995, on inaugure la première phase de l'enceinte de Grand Via. Par l'intermédiaire de ces nouveaux bâtiments situés près de Montjuich. En 2000, un changement radical dans la structure et la gestion se produit avec une plus grande implication du secteur patronal et un compromis de taille de la part de l'administration. L'approbation du Plan Stratégique 2006-2015 veut profiter de toutes les occasions de l'économie globale. On retrouve le slogan de la ville qui du reste perdure : une aspiration à la destinée de la ville «Barcelona, ciudad de ferias y congresos ».

Dates : Du 20/05/1929 au 15/01/1930 pour une superficie de 118 hectares.

Pavillons nationaux : Allemagne (réalisé par le grand architecte Mies van des Rohe),  Belgique, Danemark, France,  Hongrie,  Italie, Norvège, Roumanie,  Suisse et le pavillon  de la « Reine Victoria Eugenia » partagé par toutes les nations étrangères.

Pavillons espagnols:

  1. Palais National pour les arts anciens espagnols
  2. Pavillon Royal
  3. Pavillon de l'art moderne
  4. Pavillon de la Ville de Barcelone
  5. Pavillon de l'Etat (Poste, Télégraphes, Services de guerre et de marine, Bienfaisance, Industrie et Agriculture, Instruction publique)
  6.  Pavillon de la Compagnie des tabacs
  7. Village espagnol (aspects de la vie rurale à travers la construction de maisons typiques des différentes régions espagnoles).
  8. Pavillons Thématiques du groupement industriel : Art décoratifs et arts appliqués, Art graphiques, Communications et transports, Electricité et Force motrice, Industrie de la Construction
  9. Pavillon Alphonse XIII, Matériel de sport, Projection: photographie et cinématographie, Travail, Vêtement et arts textiles
  10. Pavillons de la section agricole: Viticulture; Ostréiculture; Œnologie, Elaïotechnie, Produits agricoles.


Documentation, bibliographie, orientation sur demande. Tout droit Laboratoire Geode UMR 5602 Patrice Ballester

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