ALBUM DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE BARCELONE DE 1888 – PARC DE LA CITADELLE Par Patrice BALLESTER - GEODE / UMR 5602 CNRS |
---|
Plan du parc de la Citadelle en 1888 parue dans la presse catalane en 1888 et repris par le comité des foires de Barcelone pour un anniversaire en 1954.
|
L’Exposition universelle de Barcelone s’est déroulée officiellement entre le 08/04/ 1888 et le 10/12/1888. Son architecte en chef était M. Elies Rogent y Amat. Celle-ci compta officiellement 2 300 000 millions de visiteurs, ce qui situe cette exposition comme une manifestation de deuxième catégorie en Europe, en comparaison aux expositions françaises, anglaises et italiennes. La superficie totale de l’exposition, de ses dépendances et de la section maritime se monte à 46.5 Ha. Pourtant son coût s’élève à 8 500 000 pesetas de l’époque pour une recette de 2 000 000 pesetas comprenant entrée plus concession.
En 1888, le Parc de la Citadelle compte 30 Ha avec la présence du palais de l’industrie, du commerce, la grande galerie des machines notamment. On compte aussi une élégante section maritime avec un passage entre les deux sections via un pont surplombant la première ligne de chemin de fer d’Espagne Barcelone/Mataró. |
Escadre maritime espagnole dans le port de Barcelone au moment de l’exposition universelle de Barcelone en 1888.
|
---|---|
On trouve comme pavillon secondaire :
|
|
L’exposition utilise des modèles déjà pré existants pour s’incorporer à la trame urbaine de Cerdà. Le modèle bordelais notamment ainsi que niçois. Elle caractérise une ville qui pâti d’un certain retard tout en s’efforçant de faire reconnaître son savoir-faire dans l’accompagnant d’un processus d'industrialisation. Il est intéressant de constater que contrairement à la France, c’est l’investisseur privé et les associations catalanistes qui sont à l’origine de l’organisation d’une Exposition dans la capitale. Avec celle de 1888, les catalans veulent célébrer le millénaire de la Catalogne moderne (988). Il souhaite impérativement montrer leur capacité économique et justifier l’initiative de la ville dans le domaine de la gestion urbaine du plan de l’Ensanche de Cerdà. C’est u décret du Général Prim qui propose à la cité de récupérer les terrains de la citadelle mais pour construire uniquement un espace public comme un parc. Cela doit devenir un levier de communication pour l’économie espagnole/catalane. L’engagement depuis 1885 dans la construction de cette exposition implique une obligation de ne pas échouer dans l’entreprise pour le prestige et la renommée européenne. Le résultat : l’Exposition de 1888 est considérée comme un succès dans l’organisation et surtout la récupération/sauvetage in extremis (moins de deux ans avant la date prévue), des travaux en partie finis ou à peine entamés par la première équipe : l’entreprise Casanova. On observe généralement que l’exposition a un effet positif sur la morphologie urbaine de la ville. Néanmoins, ni les promoteurs ni la municipalité n’ont mis en avant l’ambition première de cette exposition en tant que levier urbain structurant. Un projet d’urbanisme existe déjà dans l’optique du plan d’aménagement du parc entre 1873 et 1883. La priorité accordée à l’exposition entraîne au contraire la mise en suspend de vieux projets de refonte du tissu urbain et de modernisation du réseau d’égouts. Les conditions d’hygiène de la ville en pâtissent. Il en va de même dans la construction privée qui ne tire que peu parti de l’exposition hormis certains immeuble spéculatifs ayant une vue sur le nouveau parc. Comme pour tout grand événement à cette époque, les travaux annexes durant la période des travaux pour l’exposition sont mis en sommeil ou ralentis par l’effort de l’organisation. En fait l’événement est vite récupéré et manipulé pour faire de la publicité à la ville. Il interpelle le gouvernement central et les autres nations européennes sur les changements de la capitale catalane. L’attractivité de Barcelone en Espagne dans le domaine industriel, représente un coup de maître et de génie des administrateurs de la ville. Avec un début timide d’installation électrique le long des axes majeurs de l’exposition, l’avènement d’un parkway, ajoutée à celaune architecture régionale, l’Exposition universelle change sa structure urbaine et tourne son image à l’international. Les objectifs et l'affirmation des espérances de la bourgeoisie catalane du moment sont plus importants que le legs-impact urbain de l’exposition sur la structure urbaine aussi dans la vision d’un parc moderne. Quoique l'exposition 1888 soit un succès d’estime européen, elle n'est pas à l’origine des transformations essentielles ayant modernisé Barcelone à la fin du dix-neuvième siècle. L’intérêt résidé dans la manière de relever le défi pour une classe industrieuse (la bourgeoisie catalane) et de positionner la ville comme un nouveau pôle d’échange et de commerce au plan européen (Guardia, E. De García, 1994). Par contre, indéniablement, l’exposition pérennise définitivement le parc de la Citadelle comme un «Parkway» à l’américaine pour la récréation de tous les Barcelonais et visiteurs de la ville. Les aménités de transports, gare de France et esthétiques de la ville sont améliorées. Il existe une procédure originale concernant cette première exposition que nous pouvons entrevoir à travers nos recherches archivistiques et l’exemple d’un bâtiment emblématique de l’expo : l’Umbracle (ou une grande serre). La méthodologie de rattrapage des travaux de Casanova par les nouveaux architectes en charge du projet est la même pour pratiquement tous les bâtiments. On rencontre une volonté de faire (1) un constat des difficultés de conception et de commandes de matériels suite à l’échec Casanova, (2) d’opérer la redistribution des travaux sur concours et d’imposer des délais précis à tenir (correspondances abondantes), (3) détenir une comptabilité rigoureuse pour chaque avancée et de proposer un plan original de qualité d’inspiration girondines. Enfin ont lieu, la réception définitive des travaux et constat du respect des procédures. La première partie du projet Fontseré Amargos comporte le nivellement de la section est du parc, la destruction de bâtiment militaire et la réalisation d’un jardin unifiant l’ensemble des bâtiments et d’un lac déjà en cours de construction avant Casanova. L’exposition permet à la ville de se doter - dans le cadre d’un lourd endettement et de divergence de planification urbaine - d’un nouvel espace symbolique incorporant :
|
Le parc de la Citadelle, poumon vert pour le centre de Barcelone et lieu culturel, politique et de tourisme.
Chaque année, la Généralité fait paraître dans la presse le descriptif des festivités de la Diada du 11 septembre. Une scénographie urbaine éphémère officielle et identitaire est célébrée dans le paseo de Til-lers. (Source : communiqué de presse de la Présidence GNC). 1888, la passerelle métallique au moment de l’exposition universelle de 1888, 2002/2015 projet de reconversion du parc au plan paysager par M. Corajoud et construction d’une nouvelle passerelle prévue pour 2015 suite au déplacement du zoo.
|
Le projet de l’exposition de 1888 peut être qualifié de pragmatique d’où la conséquence indirecte d’une aventure avortée. Manifestement, l’exposition est une révélation et une ambition de toute une société. En témoigne la commission municipale de sauvetage après l’échec de Casanova et sa volonté de répondre au défi d’une organisation complexe. La morphologie urbaine de Barcelone s’en trouve bouleversée en son flanc nord de la vieille ville. C’est souvent l’avant /après événement qui est le plus spectaculaire et avec Barcelone, dans une moindre mesure, le plus pourvoyeur pour les futures années de commentaires élogieux, parfois mystifiés quoique créateurs d’imaginaire et de nouvelles ambitions. Depuis, le parc de la Citadelle, symbole de l’emprise militaire madrilène sur la capitale catalane, est devenu un lieu emblématique ou siège la Généralitat, et surtout se produit la fête nationale, la Diada, du 11 septembre dans une grande allée d’arbres. Un Zoo bientôt externalisé en périphérie, des fêtes en tout genre, ainsi qu’un lieu propice à la jeunesse et à l’art contemporain et édification de multiples statues en font un cadre de vie et de détente agréable pour les Barcelonais. Le déplacement du zoo va permettre de retrouver une unité entre le parc et la façade maritime en permettant justement la construction d’une passerelle entre celui-ci et les plages : antique passerelle de 1888… |
Cliquer sur l'imagette pour une vue agrandie
COMPLEMENTS TECHNIQUES :
Sur l'ouvrage :
60 fototipas ejecutidas por los Sres. AUDOUARD y C. a, fotografos, Cortes 273 y 275 - Edicion Economica - Miguel Parera, libreria, Cortes 288 bajos
- Dépôt du document originel : : Bibliothèque Universitaire de Toulouse-le Mirail - côte : Z11812
Sur la numérisation :
Taille des reproductions d'origine : 30 x 22.5 cm - Ouvrage : 40 x 33 cm - Numérisation : 300 DPI en 8 bits N&B - Filtre de dépoussiérage ¼ - Format .JPG
Pour acquérir les fichiers originels numérisés : Franck VIDAL