JIANGXI

1. En train vers Nanchang (nuit du 28 au 29 ; matinée du 29)

1) De la discussion avec Wang, avant d'aller dormir, j'ai noté les questions et réponses suivantes :
Q. Il me semble qu'il y a une contradiction entre deux aspects. On nous parle un peu partout des énormes sabotages dus à la bande des Quatre, dans les usines, l'éducation. D'autre part, dans son rapport devant la 5e A.P.N., le président Hua dit que la pensée révolutionnaire de Mao Tsétoung a dominé depuis 1949 et que d'assez bons résultats ont été obtenus par la Chine. D'ailleurs, ces résultats, nous les voyons.
R. Ces derniers aspects sont vrais. C'est une mauvaise chose de dire à propos de tout que c'est la faute à la bande des Quatre. La campagne actuelle vise à le rectifier. C'est la troisième campagne. La première, c'était : écraser la bande des Quatre ; la deuxième : chercher leurs complices. La bande des Quatre a quand même causé pas mal de dégâts dans les domaines de la science, de la culture, de l'éducation ; localement dans l'industrie (exemple l'usine de tracteurs de Loyang) et peu dans l'agriculture.
Q. Pourquoi les Quatre ont-ils tenu aussi longtemps ?
R. Ils se cachaient sous la pensée de Mao Tsétoung. L'une des Quatre était la femme de Mao et se servait de cette situation.
Q. Pourquoi Mao lui-même n'est-il pas intervenu plus tôt contre les Quatre ?
R. Il est intervenu pour les critiquer. Même de sa femme il a dit : "Elle ne me représente pas". Sa politique, c'était de laisser à chacun sa chance tant qu'il n'avait pas commis une faute grave : "soigner la maladie pour sauver l'homme".

2) Présentation de la province du Jiangxi
(faite plus tard par les guides locaux, mais placée ici)
Superficie 160 000 km2     Population 28 millions d'habitants
Principales cultures : le riz, puis les oléagineux, le coton, le thé, la canne à sucre, le bambou, le bois.
Ressources minérales : tungstène, cuivre, fer, charbon.
C'est dans le Jiangxi que s'est installée la première base d'appui, celle des monts Jinggang, et qu'a été fondée l'A.P.L., le 1er août 1927, lors de l'insurrection de Nanchang dirigée par Chou Enlai.
La capitale provinciale est Nanchang, 175 km2, 800 000 habitants, fondée sous la dynastie des Han : elle a 2100 ans d'histoire. Avant la Libération, c'était une ville commerciale et consommatrice, peu industrialisée (4000 ouvriers au maximum). Depuis la Libération, l'essor industriel a été parallèle à celui de la culture, de l'enseignement et de la santé. Mais les sabotages des Quatre ont fait stagner la production : on en voit encore des séquelles (nous dit-on).
Les principales branches de l'industrie : sidérurgie, construction mécanique, usinage de pièces métalliques, construction de génératrices, automobile, matériel électrique, électronique, fabrication de tracteurs, industrie chimique, textile.

3) Photos prises  du train
Entre Hengfeng et Xiangtan :
Sol rouge, tombes, reboisement, diguettes, buffles... Je vois un système d'irrigation à la main : une double manivelle entraînant une chaîne à godets.
Gare de Xiangtan ; c'est là que se rejoignent les lignes de Shanghai et de Changcha pour aller ensuite au nord, vers Nanchang peu éloignée.

2. De Nanchang au mont Luchan
Arrivés en gare de Nanchang à 11 heures, nous prenons aussitôt le train de 11 h 20 pour Jiujiang.
La région souffre de la sécheresse : tanks à sec ou presque, sol craquelé, rizières non inondées. A Jiujiang, un car nous attend pour nous conduire au mont Luchan par une route sinueuse et en pente raide (quatre cents lacets, dit Mao dans un poème).

Ascension de la montagne de Lu

Le mont vole au Grand Fleuve jusqu'au bord de son onde.
J'y gravis quatre cents lacets sous les berceaux de verdure.
Face à la vaste étendue liquide je fixe sur le monde un regard équitable.
Un vent tiède souffle en pluie à la face des eaux.

Au-dessus des Neuf Rivières, la Grue jaune surnage ;
Des flots qui roulent montent de blanches vapeurs au-dessus des trois Wu.
Le préfet Tao est parti, allant on ne sait où ...
A la source des Fleurs de Pêchers, peut-on cultiver la terre ?
(1959)

 

3. Le mont Luchan  (29-30 août)

1) Juste avant d'arriver à l'hôtel, nous nous rendons au « Pavillon pour regarder le fleuve ». Mais les lointains sont brumeux.
Autrefois il n'y avait pas de route. On montait au mont Luchan par ce sentier escarpé. Les riches se faisaient transporter en chaise. Quelques-uns d'entre nous demandent à descendre par le sentier, demain. Mais devant le manque d'enthousiasme de nos guides, nous n'insistons pas.

2) Nous sommes accueillis sur la terrasse de l'hôtel. A environ 1100 m d'altitude, il fait bon. Les guides nous présentent le mont Luchan :
C'est un massif de 25 km de long sur 10 de large. Son point culminant atteint 1474 m. On l'appelle Hanyang, car on dit que de là-haut on peut apercevoir les lumières de la ville de même nom de la province du Hubei (une des trois villes formant Wuhan). Les sommets arrivent à 1200-1400 m. Le centre de villégiature est à 1160 m. La région compte quantité d'arbres car il pleut beaucoup. Il ne fait beau que de juillet à septembre. Le reste du temps il y a de la pluie et du brouillard, et beaucoup de neige en hiver. L'altitude rafraîchit la température. La moyenne de juillet est de 22°, alors que celle de Jiujiang est de 29°
La région a été libérée le 18 mai 1949. Sous la direction du parti et du président Mao, les travailleurs sont devenus les véritables maîtres. Avant, seuls les richards y montaient, portés en palanquins par le sentier. La route date de 1953. Agriculture et industrie ont connu d'énormes changements. Avant la Libération il n'y avait pas d'usines ; aujourd'hui il y en a 20 au pied de la montagne. Les rendements de la production céréalière dépassent souvent la norme. L'enseignement se développe : d'une seule école primaire on est passé à 68 écoles primaires et secondaires. Il y a aussi trois sanatoriums et des dispensaires. Les principaux sites à visiter sont :

  • l'allée des Fleurs de Pêchers, célébrée par un poète de la dynastie Tang
  • la grotte de l'Homme féerique
  • le jardin botanique dépendant de l'Académie des Sciences de Chine
  • le coup d'œil sur le lac Poyang
  • les trois arbres précieux et le grand étang céleste

Nous nous installons dans nos chambres, puis faisons un tour dans la petite ville :
Le soir, le groupe se partage. Une dizaine de voyageurs trouve encore des forces pour aller au cinéma. Après une courte promenade nocturne, nous, nous allons nous coucher car nous n'avons guère dormi la nuit précédente dans le train.

3) Le lendemain matin, nous commençons notre visite par l'allée des Fleurs de Pêchers, puis nous arrivons à la grotte "de l'Homme féerique". Se pose alors un problème de traduction : fée ? génie ? ermite ? ascète ?
Les traducteurs des poèmes de Mao proposent "grotte aux Immortels" (L'Herne), "grotte des Immortels" (Seghers), "grotte des fées" (éd. de Pékin). Mao Tsétoung a en effet consacré un poème à la grotte. Il est calligraphié sur un panneau, à proximité.

Pour une photographie de la Grotte aux Immortels prise sur la Montagne de Lu par le camarade Li Jin

Dans l'ombre floue du soir, un grand pin inflexible ;
Nuages en tumulte au passage paisible.
Au-dessus de la grotte, où la nature excelle,
Quels charmes infinis l'âpre cime recèle.
(1961)

Paysages près de la grotte :

4) Nous buvons le thé, installés à des tables devant la grotte. Discussion avec Liou qui a mis son beau costume. En quelle matière est-il fait ?
R. Je ne sais pas. Les garçons ne savent pas ces choses. Dans les familles, on les apprend aux filles, pendant que les garçons sont au terrain de football. (Rires, puis retour au sérieux.) L'évolution sociale ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut que l'homme participe au travail à l'intérieur, et la femme à l'extérieur. Dans l'ancienne société, la femme restait entre quatre murs ; elle était victime. On disait qu'elle prenait l'homme d'abord dans les bras et puis elle l'avait sur le dos. Maintenant l'homme participe au travail du ménage, les enfants vont à la crèche. La femme a plus de temps pour le travail social, pour étudier et critiquer le révisionnisme.


La discussion se poursuit et Liou parle de l'empereur :
- Il avait une impératrice principale, deux impératrices secondaires, six favorites, soixante et douze concubines, sans parler des servantes.

5) C'est ensuite la Falaise de la Tête de Dragon, ou Roche des Sacrifices : les candidats à la sainteté, après avoir mené une vie religieuse, se jetaient dans le vide ; s'ils avaient bien mené leur vie religieuse, ils devenaient saints, sinon morts.
Non loin de là vit dans un aquarium un petit "poisson-dragon" qui peut marcher et nager. Il ne peut subsister que dans l'eau du mont Luchan ; on a fait des essais ailleurs, qui ont échoué. Et puis un "étang céleste" où l'eau est toujours au même niveau, après les grandes pluies comme après la sécheresse. Plus loin, dans la forêt de bambous, les Trois Arbres Précieux : deux cèdres et un amandier d'argent. La tradition leur donnait quinze siècles ; ils ont environ 500 ans.

6) L'après-midi, panorama sur le lac Poyang, régulateur de crues du Yangzi.

7) Au jardin botanique :
Le camarade Tchan nous présente le jardin botanique, fondé en 1934 et développé surtout après 1949 grâce à l'importance accordée à la recherche scientifique. Il emploie plus de 100 personnes ; la superficie d'expérimentation et d'exposition dépasse 4000 mous ; on travaille sur 3400 sortes de plantes. On s'intéresse surtout aux plantes du bassin inférieur du Yangzi, à la flore montagnarde (altitude 1100 à 1360 m, 2 m de pluie par an, température extrême absolue en hiver -16°). On fait des recherches sur les plantes médicinales montagnardes, sur des variétés de thé qui puissent mieux résister au froid.
Le jardin botanique est en relations avec plus de 200 établissements scientifiques de 63 pays, dont 17 établissements français. Il a des contacts avec la France depuis 40 ans. Il se livre à un travail de popularisation scientifique. Il reçoit des professeurs, des étudiants, des biologistes. Les techniciens sont formés par l'Etat dans les Universités de Pékin, Wuhan, Nankin, Canton.

 

8) Le séjour au mont Luchan se termine avec un dernier arrêt près d'un lac :

4. Retour à Jiujiang (30 août, fin d'après-midi)

Descente rapide du mont Luchan vers la ville de Jiujiang :

5. La soirée à Jiujiang
Après le repas, dans la grande salle de spectacle de l'hôtel, nous assistons à un concert donné par de petits gardes rouges.

Les places des premiers rangs nous sont réservées. Des Chinois occupent les places du fond. Ce n'est que lorsque nous sommes tous installés que les spectateurs chinois avancent pour se placer juste derrière nous. Dans de bons fauteuils, nous buvons le thé habituel.
Voir le programme, avec traduction.


Soirée extraordinaire, grande maîtrise de tous les exécutants, assurance de la petite fille au tympanon, danses des nationalités, danse des petits canards ...
Lorsque le spectacle est terminé, nous applaudissons longuement et les petits gardes rouges aussi. C'est à nous de partir les premiers. Wang me conseille d'aller toucher la main. J'hésite. De qui ? Du petit, au milieu ! Alors je saute sur la scène et je serre la main du petit du milieu, et après lui celle de ses voisines, et puis de tous les autres, et les Français du groupe viennent faire de même. On nous demande d'en chanter une ... "A la claire fontaine..." Bravo, bravo, bis, bis ... Nous entonnons alors le premier couplet de "l'Internationale" et le refrain. Les petits gardes rouges reconnaissent l'air et applaudissent de plus belle notre départ.

A six, nous sortons alors de l'hôtel. Nous longeons le lac, croisés ou doublés par des cyclistes et des gens à pied, qui nous regardent et poursuivent leur chemin. Tout le long de la rue, les habitants sont installés à l'extérieur de leurs maisons. Ils ont sorti leurs lits, leurs nattes, leurs tabourets. Certains dorment, d'autres lisent en profitant de l'éclairage de la rue, il y en a qui discutent, qui jouent aux cartes ou aux échecs. Echange de sourires, de saluts. A un carrefour nous prenons à gauche le long du lac, mais un cycliste s'adresse à nous en allemand : "C’est sombre par là pour se promener, l'autre rue est mieux éclairée". Il a raison : cette autre rue conduit directement au centre-ville, plus animé. Là, nous ne savons trop que faire : nous allons "lire" les journaux muraux, nous cherchons sans conviction un débit de boissons. Un attroupement se forme, pour nous regarder. Il se disperse lorsque nous nous remettons en marche vers l'hôtel. Arrivés, porte close. Mais une jeune fille vient vite nous ouvrir, confuse, et nous obtenons d'elle des Laoshan (eau minérale). Dans la chambre, les lits ont des moustiquaires. Les supports des lampes de chevet représentent des scènes du "Détachement féminin rouge" et de "La fille aux cheveux blancs"

6. L'hôpital (Jiujiang, 31 août, matinée)

1) Présentation : (c'est la vice-directrice qui parle ; elle est médecin ; elle comprend un peu le français car elle a été en coopération en Tunisie)
Notre hôpital est l'Hôpital pour femmes et enfants de la préfecture de Jiujiang. Avant 1949, les impérialistes américains l'occupaient. Il était de petite dimension (une dizaine de lits). Les frais des médicaments, de l'hospitalisation, des opérations étaient élevés. "La porte était grande ouverte, mais il était interdit d'entrer sans argent."
Après la Libération il a connu un grand développement grâce à la sollicitude du Parti et du président Mao pour les questions médicales. Il compte 15 services : pédiatrie, gynéco-obstétrique, radiologie, acupuncture, médicaments traditionnels chinois, laboratoire, etc. Effectif 280 personnes dont 80 travailleurs médicaux, soit 20 fois plus qu'avant la Libération. Il y a 240 lits.
Les frais médicaux sont très modiques : 10 fens pour la première consultation, 5 pour les suivantes, 50 fens par jour d'hospitalisation. On consulte 24 h sur 24. Après l'écrasement de la bande des Quatre, la situation est excellente. On travaille d'arrache-pied, on étudie la juste liaison entre "être rouge et expert", entre politique et travail, le juste rôle des intellectuels.
Le président Mao a recommandé d'axer le travail médical et sanitaire sur les régions rurales. Nous envoyons des missions médicales à la campagne et dans la montagne. Elles apprennent auprès des paysans pauvres et moyens-pauvres et élèvent le niveau des médecins aux pieds nus. Dans le quartier de la ville nous portons aide aux centres médicaux des rues. Dans les cas graves on vient à l'hôpital.
La médecine et la pharmacopée chinoises constituent un riche patrimoine. Il faut l'explorer et le porter à un niveau supérieur. Avec une aiguille et une botte de simples, on peut faire beaucoup de choses. Avec l'aiguille on peut traiter de nombreuses affections, on peut anesthésier et on a trouvé des méthodes nouvelles. Nous cueillons nous-mêmes les plantes médicinales pour fabriquer 70 à 80 sortes de médicaments traditionnels chinois. En combinant les médecines occidentales et chinoises, on peut guérir sans intervention chirurgicale des maladies estimées incurables comme l'appendicite, la grossesse extra-utérine.
Nous étudions les rapports du président Hua au 11e Congrès et à la 5e A.P.N. Nous travaillons d’arrache-pied pour devenir des travailleurs rouges et experts et contribuer à la réalisation des Quatre Modernisations avant la fin du siècle.

2) Visite de l'hôpital.

3) Sur un tableau noir : "écrasons la bande des Quatre"

4) L'opération de ligature des trompes sous anesthésie par acupuncture :
Piqûre d’acupuncture à la cheville ; ligature des trompes. Pendant l’opération, la patiente reste éveillée. Après, elle descend de la table et regagne son lit soutenue par deux infirmières.

5) Discussion en dégustant un bienfaisant liquide glacé et pendant qu'une dame du groupe se fait soigner pour une coupure à la main :
- L'anesthésie par acupuncture. Cela réussit dans 98,2% des cas. En cas d'échec on emploie la cocaïne. Il n'y a pas de préparation du malade. Cela ne convient pas à toutes les opérations, par exemple pour enlever une tumeur au cerveau.
- La natalité. Nous devons répondre à l'appel du président Hua : réduire le taux de croissance démographique à 1%. Parmi les moyens du planning familial, il y a la ligature et d'autres moyens. C'est l'opérée qui a choisi la ligature.
Dans notre pays socialiste on porte un grand intérêt à la santé des femmes et des enfants. On donne aux femmes enceintes des conseils : faire de la gymnastique, consommer telle nourriture, employer tel médicament, venir à l'hôpital si nécessaire. Il y a plusieurs centres de quartier dépendant de l'hôpital, et en ville d'autres hôpitaux identiques.
Les congés de maternité sont de 56 jours, 72 jours si l'accouchement est difficile. Un supplément est possible en cas de maladie.
La mortalité à la naissance est faible : un pour mille grâce aux examens. Il y a peu de prématurés.
- Le personnel médical. La plupart des chirurgiens sont des hommes, mais en gynéco-obstétrique, il y a un seul homme. Les médecins sont formés à l'Université, dans l'Institut de la médecine. Les études durent 5 ans (3 ans seulement à l'époque des Quatre).
Les médecins aux pieds nus : on choisit les jeunes instruits à la campagne, ceux qui ont une haute conscience pour servir le peuple. On leur donne les connaissances médicales d'abord dans les centres sanitaires locaux pendant un an ou six mois, selon les cas. Les médecins aux pieds nus sont très appréciés.
Deux médecins de l'hôpital ont travaillé deux ans en Tunisie dans la mission médicale chinoise.
- La région. Y a-t-il des maladies spécifiques à la région ? Pas de paludisme. La malaria est presque éliminée. Il existe la schistosomiase, mais on a les moyens de lutter contre. Il y a la grippe comme endémie.
L'équipement hospitalier suffit-il aux besoins de la région ? A peu près. Mais il y a beaucoup à faire pour réaliser les quatre modernisations.
Quels sont les secteurs de pointe ?
Pour nous, l'important c'est l'aiguille car elle est utilisable pour les larges masses.

7. La ferme des jeunes instruits

C'est la "Ferme de thé et de bois" gérée par une brigade de production de la commune populaire "Ouvriers, paysans et soldats". Créée en 1973 en rapport avec l'usine textile n°4 de Jiujiang. Elle équivaut à une équipe de production, mais en plus grand.
Superficie : 300 mous de bois (cèdres très droits, bons pour la construction), 100 mous de thé, 20 mous en rizière, 20 mous en culture sèche (blé, arachide, etc.), 4 mous de légumes pour nos besoins, 4 mous de bassins à carpes, une porcherie de 20 porcs, un  poulailler de 3000 volailles.
Effectif : 135 personnes dont 123 sont des jeunes instruits (63 garçons et 70 filles), 10 paysans pauvres comme enseignants, 2 ouvriers. Les jeunes ont entre 18 et 25 ans. Ils sont diplômés de l'Ecole secondaire du 2e cycle (quelques-uns du 1er cycle seulement). Ce sont les enfants des ouvriers de l'usine n°4, ils sont tous volontaires. Ils passent ici 2 ou 3 ans et peuvent ensuite entrer à l'Université, dans l'A.P.L. ou à l'usine n°4
Ateliers : petit atelier de bobinage de fil de coton pour l'usine textile n°4 ; petit atelier avec 4 machines à coudre pour nos vêtements de travail et pour la broderie ; atelier de fabrication du thé au jasmin.
Rémunération : Chaque mois chacun reçoit 20 yuans d'avance et la répartition générale se fait en fin d'année, d'après les résultats de la production. Logés et nourris, les jeunes ont gagné l'an dernier 1 yuan 7 fens par jour, cette année 1 yuan 30 fens.
Entrée à l'Université : il faut passer un examen. Une école du soir fonctionne aux heures de loisir. L'Université du Jiangxi envoie périodiquement des professeurs pour donner des cours. Mais l'essentiel du travail doit se faire par soi-même, avec possibilité de recevoir des livres gratuitement. Deux mois avant l'examen on peut obtenir un congé pour réviser, avec l'aide de professeurs.

Visite :
Visite de l'atelier de broderie, de fabrication de thé au jasmin (nous demandons à en acheter des boîtes). Visite du poulailler, de la porcherie.

8. Le Yangzi et le "Pavillon au milieu du lac" (début d'après-midi)

A cet endroit le Yangzi mesure 1800 mètres de large. Sa profondeur varie entre dix et trente mètres. En aval on construit un pont qui sera plus long que celui de Nankin.
Nous allons ensuite nous reposer, en attendant l'heure du départ du train pour Nanchang, dans le "Pavillon au milieu du lac".
Les guides en profitent pour nous faire un exposé sur la ville de Jiujiang, la porte nord du Jiangxi. Jiujiang veut dire "Neuf Rivières". C'est une ville de 250 000 habitants dont la banlieue englobe six communes populaires. La ville a une très longue histoire de plus de 4000 ans. Elle était la capitale d'un des 39 districts de Che Huangti. Et ce pavillon même, où nous sommes, a plus de 1100 ans.
Jiujiang a été une des trois bases d'appui des Taiping autour de leur capitale Nankin. Elle a été prise par les impérialistes anglais qui en ont fait un port commercial. Ils y avaient une concession.
Elle a été libérée le 17 avril 1949. Avant la Libération elle ne comptait que sept petites fabriques. Aujourd'hui une centaine d'usines de toutes sortes : textile, pétrochimie, constructions mécaniques, chantier naval, engrais phosphatés... Parallèlement se développent l'éducation, la culture, l'encadrement médical. Elle est en train de devenir une ville de type Taking.

9. Jiujiang-Nanchang en chemin de fer  (fin d'après-midi)

10. Soirée à Nanchang (voir plan dans Travel guide)
Nous sommes logés en pleine ville à l'hôtel Jiangxi.
Le soir, il nous est facile de sortir en ville. Nous marchons dans la rue principale jusqu'à la grande place devant le musée. Là, des quantités de gens sont assis sur l'herbe sèche et rase. Nous les imitons et restons à deviser entre nous. Une certaine curiosité, mais assez lointaine. Passent des vendeurs de sorbets et de boissons. Sur un côté de la place, les travaux de construction d'un monument commémoratif révolutionnaire se poursuivent dans la nuit à la lumière électrique.
Au retour nous entrons dans l'enceinte du Palais culturel des ouvriers. Il y a un cinéma, des panneaux d'affichage portant une sorte de bande dessinée qui montre les progrès à réaliser dans tous les domaines. Nous terminons la soirée sur la terrasse de l'hôtel à consommer glaces ou boissons fraîches au-dessus des lumières de la ville très étendue. Nous rencontrons deux membres d'un autre groupe des A.F.C. qui revient de visiter une ferme de rééducation. Photos de la ville prises le lendemain :

11. Le musée de la lutte dans les Jinggang (1er septembre, matinée)

Les Monts Jinggang

Là-bas, on voit flotter nos drapeaux près des monts ;
Des cimes, on entend résonner nos clairons.
L'ennemi met sur nous tenaille sur tenaille,
Mais toujours nous tenons et sans jamais bouger.

Outre nos rangs parfaits à l'égal de murailles,
La volonté de tous nous sert de citadelle.
Autour de Huangyangjie, notre canon résonne :
II dit que dans la nuit l'ennemi s'est enfui.
(1928)

 

Retour au Mont Jinggang

Depuis longtemps j'aspire à toucher aux nuages,
Je gravis le Jinggang une nouvelle fois.
Venu de mille li retrouver un secteur d'autrefois :
Son vieil aspect se change en jeune visage.
Partout chantent les loriots, dansent les hirondelles,
Murmure l'eau en courant.
De grands arbres trouent les nuages de leur tête.
Les sentiers de Huangyangjie, autrefois mortels,
Aujourd'hui simples raidillons.

Vents et tonnerres grondaient alors,
Drapeaux et bannières vibraient d'enthousiasme.
Aujourd'hui la terre s'est assagie.
Mais déjà trente-huit ans s'en vont  de la durée,
Le temps d'un claquement de doigts.
On peut cueillir la Lune au Neuvième Ciel
Et prendre les tortues au profond des Cinq Mers.
Retour triomphal animé d'allégresse.
Rien d'impossible au sein de l'univers
Pourvu qu'on ose escalader la cime.
(1965)

12.  Départ de Nanchang
Après le musée nous visitons le magasin de l'Amitié et un magasin populaire.
Départ de Nanchang en train vers Changcha en début d'après-midi.
Photos de la campagne à l'est du district charbonnier de Yichun
Dans le train, je note un passage de la discussion avec Wang à propos du spectacle des petits gardes rouges à Jiujiang. Nous avons trouvé charmante la danse des petits canards. Wang, lui, la critique : c'était insuffisant.
Qu'est-ce que cela signifie ?
- Il fallait que la recherche du petit canard perdu dure plus longtemps ; il fallait le montrer pleurant  parce qu'il était seul, voulant retrouver la collectivité. Les responsables ont dit : les enfants étaient  fatigués. Mais ce n'est pas une raison valable, nous les avons critiqués. En Chine, toute œuvre doit  servir la politique prolétarienne.