PÉKIN

Voir le plan de Pékin et la carte du territoire municipal dans Travel guide
Voir aussi ma pochette de diapositives sur Pékin éditée par Diapofilm, septembre 1979

1. L'arrivée  (20 août 1978)
Survol de la campagne près de Pékin. Principale impression : le boisement. Dans la campagne, tout est vert, quadrillé de rideaux d'arbres, ponctué de petits bois.
Les cultures vont jusqu'au bord des pistes.
Aéroport sans aucun luxe. Formalités rapidement expédiées. Accueil souriant.
Nos trois interprètes : Liou et Wang nous accompagneront durant tout le voyage, Fong à Pékin seulement. Nos bagages sont apportés directement à l'hôtel.
Route de l'aéroport vers le centre, bordée d'arbres ; de part et d'autre, cultures, surtout des arbres  fruitiers. Vigne (que Gilbert Vier a vue en hiver). Beaucoup de vélos, des charrettes tirées par des  chevaux, des  camions, des  autobus, quelques taxis. Au bord de la route, des gens assis, discutant,   gardant des bébés, attendant l'autobus. Imbrication de la campagne et de la ville.

2. Place Tian’anmen
"J'aime la porte Tian'anmen à Pékin" (chanson)
Promenade très brève sur la place et vers l'entrée de la Cité interdite. Beaucoup de promeneurs chinois, qui prennent des photos familiales ou ont recours à des professionnels. Ceux-ci opèrent avec la porte Tian'anmen en fond de décor. Des cordes délimitent un espace où ne peuvent pénétrer que les clients : ainsi personne ne viendra dans le champ. Flot de vélos sur la grande avenue Chang'an.

3. L'hôtel de l'Amitié
Situé très loin du centre. C'est un inconvénient : longs parcours en autobus, impossibilité de se promener dans le centre le soir après le repas ou le matin de très bonne heure (voir les photos de Fernand Malonda). Avantage : cela nous fait parcourir la ville (Palais des sports, Foire exposition, Planétarium, immeuble de la T.V., etc.).
Cet hôtel est un grand ensemble de grands bâtiments qui étaient la résidence des experts soviétiques et qui abritent toujours les experts étrangers. Chambre spacieuse et bien équipée. Thermos d'eau chaude, feuilles de thé, thermos d'eau froide. Repas chinois très bien ; puis j’ai une double réunion avec les interprètes, d'abord avec Fong pour le programme de Pékin, puis avec Liou et Wang pour une vue générale de la suite du voyage. Après cette réunion, je me retrouve seul et je fais un tour dans la nuit, sans sortir des limites de l'hôtel de l'Amitié. C'est suffisamment grand pour que j'éprouve beaucoup de difficultés à retrouver mon chemin.

4. Le Palais d'été (21 août)

 

De nombreux Chinois sont là, en train de casser la croûte : sandwich et bouteille de bière.

Excellent repas au restaurant du Palais d'été dont les spécialités sont le poisson au caramel et les petits pains cuits à la vapeur et fourrés de farine de haricot rouge.
Nous partons de là sur un vrai bateau pour un tour sur le lac.

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5.  Les Collines parfumées

La prise de Nankin par l'Armée populaire de libération

Sur le mont Zhong, l'orage ébranle les couleurs du monde.
Par centaines de milliers, les héros ont passé le Grand-Fleuve.
Ville Tigre-Dragon en splendeur toute neuve,
Terre et Ciel renversés, triomphe valeureux.
Courage encore et poursuivons ces bandits en déroute.
Gardons-nous d'imiter Xiang Yu.
Si le Ciel avait des passions, lui aussi vieillirait !
Chez les humains, la mer devient champ de mûriers.
(1949)


Neige

Paysage du Nord :
Mille li de glace scellés,
Dix mille li de neige envolée.
De la Grande Muraille, au-dedans, au-dehors,
Rien qu'une blanche immensité sans bord.
Le Grand Fleuve, en amont, en aval.
Fige soudain ses impétueux élans.
Les montagnes dansent, serpents d'argent.
Les massifs courent, éléphants de cire,
Disputant sa hauteur au Seigneur du Ciel.
Par un jour de soleil,
Parée de rouge, drapée de blanc,
Voyez quelle beauté sans pareille.

Tel est l'enchantement qui naît de ce pays
Que des héros sans nombre se courbaient à l'envi.
Dommage qu'à Qin Shihuang, comme à Han Wudi,
II ait  manqué  un peu d'esprit,
Que Tang Taizong et Song Taizu
N'aient eu aux lettres plus de goût.
En son temps fils chéri du Ciel,
Gengis Khan
Ne savait que bander son arc contre l'aigle géant.
Tout cela est passé.
Pour trouver des hommes vraiment grands
Regardons plutôt le présent.
(1936)

 

Beidahe

Sur Youyan s'abat une pluie diluvienne :
Des vagues blanches à l'assaut du ciel.
Au large de l'île de l'Empereur des Qin, les barques de pêcheurs
Se perdent une à une sur ce vaste océan.
Qui sait où elles s'en vont ?
Jadis, il y a mille ans passés,
L'Empereur Wu de Wei, fouet en main,
S’en vint à l'Est jusqu'à la Pierre-Dressée, comme il le dit en son poème,
Toujours soupire le vent d'automne,
Mais le monde a changé !
(1954)

A la sortie, distribution de sodas et de sorbets. Il fait très chaud ; déshydratation.
Personnellement je lutte contre le phénomène en salant les tartines de beurre du petit déjeuner.

6. Chants et danses (soirée du 21 août)
Après le spectacle, les guides nous disent que c'était médiocre. Je m'intéresse surtout aux thèmes, tels qu'ils me parviennent traduits, et à certains aspects que je peux remarquer :

  • nombreuses danses des nationalités mongole, tibétaine, ouigoure
  • chansons roumaines de circonstance (visite officielle de Hua Guofeng en Roumanie)
  • chanson de l'émancipation et danse "travailler d’arrache-pied pour prendre exemple sur Dazhai (Tatchai)"
  • mais aussi danse d'une suivante de l'empereur

Orchestre combinant instruments traditionnels et occidentaux. Vêtement très soigné et solennel des musiciens et des chanteurs

7. A la Grande Muraille  (22 août)
Traversée de la ville pour aller à la gare. Enorme chantier : construction d'immeubles neufs (reprise après la chute de la bande des Quatre, disent nos interprètes), construction du métro, pose de canalisations. Des quantités de vélos... il y en aurait à Pékin 3 millions pour 6 millions d'habitants. Grand nettoyage du hall de la gare par une femme au volant d'un engin.

En s'éloignant de la ville, les cultures maraîchères laissent place aux céréales (riz, maïs, sorgho, kaoliang, millet), à l'arachide, au soja, au coton et à la patate douce. L'irrigation se fait par pompes à moteur. Ici on cure un canal, là on garde un petit troupeau de moutons sur une digue, plus loin des canards nagent sur un ruisseau. Camions tirés par quatre chevaux, ânes, rares bœufs. Dans les villages, porcheries.

Nous descendons du train à Badaling. Foule énorme à l'assaut de la Grande Muraille. Quelques groupes d'étrangers et quantités de Chinois, arrivés par le train ou dans la benne des camions (à moteur) de leurs unités de production. Je vais jusqu'aux extrémités Est et Ouest du tronçon restauré.


Au retour nous reprenons le train. On nous distribue des boîtes contenant de substantiels repas froids, avec à notre disposition caisses de bière et de sodas. Arrêt dans une petite gare (Nankou ?). Notre autobus nous y attend et va nous conduire aux tombeaux des Ming.

8. Les tombeaux des Ming
Le plus intéressant, c'est l'allée où les Chinois d'aujourd'hui passent entre les statues d'autrefois,   animaux, guerriers, mandarins.

9. Soirée de discussion avec les interprètes
Réunion dans une des chambres, très grande. Wang a invité trois autres interprètes, deux garçons et une fille. Dans la journée j'ai rassemblé les questions émanant des membres du groupe et je les ai classées par grands thèmes. C'est principalement Wang qui répond ; les autres approuvent.

1) La vie quotidienne
Wang a 35 ans, il est marié avec une traductrice, il a un petit garçon de 4 ans. Sa mère, qui était médecin, ne travaille plus à cause de sa santé. L'enfant passe la semaine au jardin d'enfants ; il en revient le samedi et c'est la grand'mère qui s'en occupe. Les parents sont souvent absents à cause de leur travail. Quand ils sont à la maison, le dimanche, il y a beaucoup de corvées. C'est Wang lui-même qui lave le linge.
Q. Quelle est la hiérarchie des salaires ?
R. Comme interprète je gagne 60 yuans par mois. Le salaire moyen en Chine est de 50 yuans. Il y a huit catégories de salaires, de 30 à 130 yuans ; selon les critères d'ancienneté, de compétence et d'attitude à l'égard du travail. Certains experts peuvent gagner 200 yuans, mais c'est très rare. Récemment, 60% des ouvriers ont reçu une augmentation de 6 yuans. On les a choisis d'après les critères ci-dessus, mais on n'a augmenté que les plus bas salaires, pas les plus hauts. En général les intellectuels gagnent un peu plus, les cadres aussi. En Chine il n'y a pas de chômeurs, de mendiants, de filles publiques.
Q. Et les prix ?
R. Les prix sont stables.

  • 1 montre   120 yuans
  • 1 vélo   150 yuans, trois mois de salaire
  • 1 kg de riz  40 fens
  • 1 kg de viande  1,60 yuan
  • les légumes sont très bon marché [nous-mêmes avons acheté 1 kg de pommes : 80 fens]
  • 1 pantalon  10 yuans
  • 1 chemise  moins de 3 yuans
  • des souliers  3 yuans ; de vrais souliers fermés  15 yuans

Les soins médicaux sont gratuits pour les travailleurs de l'Etat il n'y a pas d'impôt individuel ; il n'y a qu'un impôt sur les collectivités agricoles.
Q. Y a-t-il un problème du logement ?
R. A la campagne, les paysans sont propriétaires de leur maison. En ville il n'y a pas de maisons privées. Les loyers représentent 4 à 5% du salaire familial. Si le logement est inconfortable, le loyer est plus bas. Dans les nouveaux logements le chauffage est gratuit. Dans les autres il existe des subventions pour le combustible ; il existe aussi des subventions pour les déplacements. En 1949 on a d'abord insisté sur la production agricole pour nourrir les habitants. Egalement, chacun est vêtu. Maintenant on fait d'importants travaux de construction de logements, surtout après la chute de la bande des Quatre. Ces grands travaux sont visibles dans tout Pékin.
Q. Le rationnement est-il maintenu ?
R. Il y a un rationnement pour le riz, l'huile, les œufs, le coton et parfois la viande. Pour le riz la ration est de 15 kg par mois par personne, en comptant les enfants. Pour la viande la ration s'améliore ; elle suffit et même le rationnement disparaît dans certaines régions. Les légumes sont à volonté. De toutes façons il faut mener une vie simple et penser à l'édification du pays. Le vêtement se diversifie après l'écrasement des Quatre, il y a davantage de couleurs.

2) L'enseignement [il s’agit toujours des réponses à nos questions]
La Chine subit encore les conséquences de deux mille ans de société féodale et est influencée par sa pensée. La Chine a été aussi un pays semi-colonial. Elle n'a pas connu un grand développement de la science et de la culture. A la campagne il y avait presque 100% d'illettrés. Après 1949 on a porté une grande attention à l'enseignement et aux cours pour les adultes. Aujourd'hui on a réussi à généraliser en ville l'enseignement secondaire du 2e cycle et à la campagne l'enseignement secondaire du 1er cycle. En général :

  • l'enseignement primaire est donné aux enfants de 7 à 12 ans
  • secondaire 1er cycle : 13 à 15 ans
  • secondaire 2e cycle : 16 à 17 ans
  • supérieur : 18 à 21 ans

Le président Hua a dit qu'il fallait élever le niveau culturel et scientifique de toute la nation. La formation continue se développe beaucoup, par exemple par la radio et la télévision. [En effet, nous l'avons constaté.] Dans les usines aussi, il y a les écoles des ouvriers, et à la campagne les universités du 4 mai.
Q. Comment entre-t-on à l'école supérieure ?
R. Il faut passer un examen. Sous les Quatre, on l'avait supprimé. Maintenant on l'a rétabli. On a aussi rétabli la discipline à l'école. Les Quatre sabotaient l'enseignement. Ils attaquaient toujours les intellectuels. Ils les traitaient de réactionnaires et de "salauds de la neuvième catégorie".
Q. Qui paie les études ?
R. A l'école supérieure, elles sont à la charge de la famille. Si elle a des difficultés, l'Etat donne une bourse. Si un ouvrier, un paysan ou un soldat qui travaille depuis cinq ans est reçu à l'examen, il entre à l'école supérieure et continue à recevoir son ancien salaire.
Q. A la sortie, peut-on choisir son poste ?
R. On a le droit de choisir. Mais il faut obéir aux besoins de l'Etat. Alors on émet plusieurs vœux et on peut discuter de sa nomination.
Q. Y a-t-il une Association des étudiants et comment fonctionne-t-elle ?
R. Oui elle existe. Les responsables sont choisis parmi les élèves qui se distinguent en politique. Leur rôle est d'organiser les activités politiques, culturelles, sportives, de transmettre les opinions des étudiants aux enseignants, à la direction, de faire des propositions pour améliorer les cours.
Q. Et les gardes rouges ?
R. A l'école primaire, l'organisation est celle des pionniers (ils portent un foulard rouge). Pour être pionnier il faut être volontaire. La plupart le sont. Une condition d'admission, c'est d'avoir une bonne attitude. A l'école secondaire, c'est les gardes rouges. A partir de 15 ans, on peut entrer dans la ligue de la jeunesse communiste.
Q. Y a-t-il des manuels scolaires ?
R. Oui il y en a. On est en train de les unifier. Mais on conserve des aspects particuliers selon les provinces, selon la personnalité de chaque province.

3) Les écoles du 7 mai
Elles sont pour les cadres. On les a créées après la directive du président Mao en 1966. Les cadres ne travaillaient qu'avec la tête. Alors il faut aller à tour de rôle à l'école du 7 mai pour faire du travail manuel. Les écoles sont installées à la campagne. Moi j'y ai passé deux ans. Je travaillais dans les rizières et les champs de blé. Je rentrais chez moi une fois par semaine.
A l'heure actuelle, on y va pour des périodes variées, c'est une phase d'expérimentation. [A Shanghai, Mlle Fou nous dira qu'on ne peut pas en visiter parce qu'on est en pleine discussion sur les écoles du 7 mai. Mais Bernard Revel en a visité une.] On conserve son salaire. On fait des études politiques et le travail de la terre. C'est une bonne rééducation au contact des paysans et du travail manuel. Mais les Quatre avaient mal appliqué la directive ; avec eux, ça devenait du travail forcé.

4) L'armée
Tout le monde ne fait pas le service militaire parce que la population est trop nombreuse. Il faut être volontaire. En plus, dans chaque unité, il y a la milice populaire. Elle fait des exercices pendant une ou deux heures par semaine.
Q. Comment devient-on officier ?
R. Ce sont les soldats méritants dans l'art militaire et la politique. Il faut aussi qu'ils soient volontaires.

5) L'intérêt de la Chine pour l'Occident
Les Chinois sont encouragés à apprendre une langue étrangère. Pour tous les étudiants, c'est obligatoire. Dans la bibliothèque de l'agence, nous avons les journaux français comme Le Monde, L'Humanité, L'Humanité rouge, Le Point, Le Nouvel Observateur, France Soir. On passe des films étrangers, français, roumains. [Pour les Roumains, nous avons vu les affiches à Shanghai.] On traduit des romans en chinois. On s'intéresse à l'histoire de France, à la Commune de Paris...

10.  Mausolée de Mao Tsétoung (23 août)
Poème gravé au-dessus de la sortie :

Réponse au camarade Guo Moruo

Sur notre globe si petit,
Quelques mouches se cognent contre les murs.
Elles bourdonnent leurs appels,
Les uns cris d'angoisse,
Les autres sanglots désespérés.
Fourmis à l'assaut d'un sophora
Avec  la vantardise  d'une  grande nation.
D'autres ont la prétention d'ébranler un grand arbre.
Le vent d'ouest fait tomber les feuilles sur Changan
Des flèches volent en sifflant.

Que de choses
A tout moment urgentes à régler.
Le ciel et la terre tournent, le temps presse.
Dix mille ans ? C'est trop long.
Il faut se saisir du jour, de l'instant.
Les Quatre Mers bouillonnent, nuages et eaux déchaînés,
Les Cinq Continents se soulèvent en tempêtes qui fulminent.
Balayons tous les insectes nuisibles.
Plus d'ennemis nulle part !
(1963)


Sur le mausolée, voir la pochette de cartes postales qu'on nous a remise et La Chine de décembre 1977.

11.  Le Temple du Ciel


12. Rue des antiquaires, restaurant, promenade


13. La commune populaire "Colline de lœss"

1) Présentation de la commune
Liou, responsable du bureau des affaires administratives du comité révolutionnaire, nous souhaite la bienvenue et nous fait un exposé général sur la commune populaire Huang Kukang (Colline de terre jaune), située dans la banlieue sud-ouest de Pékin.

Exposé : Notre commune a été fondée en août 1958 par la fusion de quatre coopératives agricoles de type supérieur, à l'appel du président Mao : "La commune populaire, c'est bien." Nous célébrons cette année le 20e anniversaire. Depuis, nous avons fait des progrès dans tous les domaines.
La commune compte 36 500 membres dans plus de 8 000 foyers ; 13 brigades et 96 équipes ; une superficie totale de 54 km², dont 2 900 ha cultivés.
La production principale est celle des légumes pour la ville de Pékin. Nous cultivons également des céréales (blé et maïs), des patates douces et du sorgho. Nous élevons des porcs et nous avons sept ateliers industriels. Nous essayons d'assurer le développement harmonieux de l'agriculture, de l'élevage, des forêts et des occupations subsidiaires.
En 1977 production :

  • 110 000 tonnes de légumes frais sur 1700 ha (donc 64,7 t/ha) (130 variétés ; quantité couvrant les besoins de 500 000 habitants de Pékin)
  • 4,5 tonnes de céréales par ha sur 660 ha (donc 2970 tonnes)
  • 820 tonnes de fruits des vergers
  • 52 000 porcs dont 23 600 vendus à l'Etat

Dans le premier semestre de 1978, les conditions naturelles ont été mauvaises (cinq fortes baisses de température, deux tempêtes) mais grâce à nos efforts la récolte a été convenable, le plan a été accompli, ce qui fait une augmentation de production de 10,3 %.
Autrefois il y avait ici des dunes de sable, la terre était de mauvaise qualité, menacée par l'érosion ; on manquait d'engrais. On faisait une bonne récolte une année sur dix. Depuis la création de la commune, des travaux de base et d'hydraulique ont changé sa physionomie. On a nivelé plus de 1300 ha de terre accidentée. On a amendé 800 ha. Le labourage en profondeur permet de couvrir de lœss la terre sablonneuse et de mélanger les deux. Onze équipes de forage ont creusé 700 puits de 30 à 70 m de profondeur, équipés de pompes électriques ; on a creusé des canaux d'irrigation sur 55 km. Toutes les terres cultivées sont irriguées.
La commune possède 28 tracteurs, 125 motoculteurs, 120 camions, mais il y a un gros effort à faire pour la mécanisation.
Le niveau de vie s'améliore parallèlement au développement économique : 19 écoles primaires et secondaires (jusqu'au 2e cycle) reçoivent 9 000 élèves ; 140 jeunes diplômés de la commune sont maintenant dans le supérieur ; les frais scolaires sont complètement pris en charge par la commune.
Depuis 1970 on paie une cotisation médicale de 2 yuans par an par personne, y compris les enfants. Puis les soins sont gratuits, donnés par 240 médecins ou agents sanitaires.
70 % des foyers ont construit une nouvelle maison ; 50 % possèdent une machine à coudre ; les vélos sont nombreux ; la plupart des habitants ont des économies à la Caisse d'épargne (le montant est 15 fois supérieur à celui de 1957).
Les personnes âgées ne pouvant travailler et n'ayant pas de soutien de famille sont prises en charge par la commune pour la nourriture, le logement, l'habillement, les soins, l'enterrement. En moyenne nourriture et habillement font 18 yuans par mois.
Quand on compare le présent et le passé, on constate beaucoup de progrès. Mais nous ne sommes pas à l'avant-garde. Il y a une marge à combler entre notre agriculture et celle des riches pays industrialisés. Nous essayons toujours de mieux faire et nous écouterons avec profit vos remarques et suggestions.

2) Visite : les activités agricoles
Bref passage près d'une porcherie et de champs de légumes

3) Visite : magasin



Magasin très bien achalandé. Prix des vélos entre 140 et 178 yuans.

4) Visite : une maison

Nous entrons dans une "cour", jardin bordé de bâtiments, fermé par un mur côté rue. Une treille de coloquintes donne de l'ombre. Epis de maïs très beaux, grains qui sèchent. Jacinthes, servant à nourrir les cochons. Sur le rebord d'une fenêtre, en partie déchirée, traîne la bande dessinée contre Confucius que je connais. La grand-mère nous accueille au seuil de la maison qui a été construite par la famille elle-même avec l'aide des voisins. La famille habite ici depuis plusieurs générations. Treize personnes vivent dans neuf pièces. La grand-mère dort dans une chambre avec une de ses petites-filles. Elle s'occupe de la maison. Il y a l'électricité, la radio ; la famille possède une machine à coudre, quatre montres-bracelets, cinq vélos.
Avant 1949 on travaillait la terre pour le propriétaire foncier. On menait une vie misérable. On n'avait de la nourriture que pour la moitié de l'année. Le reste du temps on mangeait du pain de son. Maintenant on n'a aucun souci pour le logement, le vêtement, la nourriture. Les enfants vont à l'école, les femmes travaillent à la production, les occupations domestiques sont partagées entre hommes et femmes. Avec la commune populaire c'est mieux qu'avant parce qu'on est tout à fait tranquille, tout est bien planifié. Une de mes petites-filles, diplômée du secondaire, est médecin aux pieds nus dans la brigade de production. Un petit-fils travaille à l'usine ; un autre est aviateur dans l'A.P.L.


Maison très propre. Kang, malles pour ranger les vêtements. Nombreux éventails et autres objets de vannerie. Au mur quantité de photos familiales dont certaines prises à la Grande Muraille, un calendrier illustré par le Roi des Singes et la Sorcière au Squelette, le retour de Bandoeng de Chou Enlai accueilli par Mao Tsétoung et Chu Teh, les portraits de Chou Enlai, Mao Tsétoung, Hua Guofeng. Le terrain individuel occupe 1,2 mou (800 m2) y compris la surface bâtie de 130 m². On élève deux cochons, six poules, un mouton.

5) Visite : l'atelier de fabrication de vermicelle
Atelier géré par la brigade, travaille pour l'Etat.
Occupe 85 personnes, hommes et femmes, en toutes saisons (l'hiver c'est dur, mais la production est meilleure).
Matière première : 80 % de fèves, 20 % de petits pois, pas entièrement produite ici.
Production : 4250 kg de vermicelle par jour, 1200 tonnes par an, vendue dans les provinces voisines, mais aussi jusqu'au Xinjiang (Sinkiang).
Opérations :
1 - On passe fèves et petits pois au moulin pour les réduire en poudre
2 - Machines, eau, passage dans un trou, on obtient des fils
3 - Séchage


4 - Emballage
Dans l'enceinte de l'atelier :
un panneau montrant la productivité de chacun
au tableau noir le résumé du récent traité sino-japonais (* Diapo n° 141)

6) Discussion générale
Retour dans la pièce de réception. Thé. M. Liou répond aux questions préparées à l'avance par quelques membres du groupe.
Q. Qui décide ? Qui dirige ? Quel est le rôle du parti ? Comment participent les travailleurs ?
R. La commune combine un échelon de l'administration d'Etat et un organisme de direction économique. Elle est dirigée par un comité révolutionnaire ; la brigade et l'équipe aussi. Les décisions pour les grands problèmes sont prises par l'A.G. Le comité révolutionnaire de la commune comprend 33 personnes élues. Il fonctionne sous la direction du comité du parti. Le président du comité révolutionnaire est aussi président du parti.
Q. Comment se fait la répartition des tâches ?
R. Nous suivons le plan d’Etat. L'organisme d'Etat soumet les projets de plan aux communes, celles-ci aux brigades et aux équipes et cela remonte avec les propositions de la base.
L'équipe travaille toujours sur le même territoire. Les équipes correspondent aux anciens villages et les brigades aux coopératives agricoles de type supérieur. La brigade la plus nombreuse compte 7000 membres ; l'équipe la plus nombreuse, 800 membres. Quand on dit « membres », c'est la population totale. La commune compte 16 000 travailleurs sur 36 500 membres.
L'objectif de la commune est de se suffire en céréales, mais pas au détriment de la production des légumes.
Q. Les achats et les ventes ?
R. En semences la commune se suffit. En engrais : organiques de la commune et excréments de la ville = 200 000 tonnes/an ; chimiques : chaque année la commune soumet un projet d'achat à l'Etat. De même pour les machines.
La vente des produits de la commune se fait par l'intermédiaire de la Société municipale des légumes de Pékin. Il faut acheter des céréales pour les habitants et les animaux.
Q. Les lopins individuels ?
R. Chaque famille a droit à 60 m² par membre. Production pour la consommation familiale. Excédents vendus à l'Etat.
Q. Comment se répartissent les revenus ?
R. 75% pour les rémunérations, 15%  pour le fonds d'accumulation, 5% pour le fonds de bien-être, 3% pour les  impôts (restés  au niveau de  1954, stabilisés malgré l'augmentation de la production).
Q. Comment se fait la rémunération ?
R. Selon le  principe :  "de  chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail". Chaque jour on gagne des points de travail qui sont établis selon deux méthodes combinées : propositions personnelles et discussion collective d'une part, normes fixes d'autre part. Dans chaque équipe,   subdivisée en groupes de travail, on discute à quel niveau placer le travailleur. Chaque travailleur propose son niveau et on discute en petite commission là-dessus. La proposition personnelle peut   être modifiée en hausse ou en baisse. Le risque, c'est qu'on ne veuille pas contredire ce qu'a proposé pour lui-même un bon camarade.
Des normes sont fixées pour les tâches. Un membre note les tâches accomplies avec référence à la quantité et à la qualité. Ce qui intervient aussi, c'est l'attitude envers la collectivité, par exemple l'ardeur au travail collectif (par rapport au travail individuel), l'esprit d'initiative, de responsabilité. Les  salaires sont distribués en argent et en nature. Environ 40% du revenu total sont distribués dans l'année ; les comptes sont clos en fin d'année.
Il y a des différences selon les équipes et les brigades. Dans une équipe qui a eu une bonne récolte, chaque travailleur peut recevoir 600 à 700 yuans par an, tout compris ; si la récolte a été mauvaise, cela peut tomber à 200 yuans.
Les primes ? Cela dépend des récoltes. Les membres modèles peuvent toucher une prime matérielle en fin d'année.
Q. Quels sont les autres ateliers ?
R. Fabrique de pompes pour monter l'eau ; de pièces de rechange de camions ; d'ampoules électriques ; de machines à forer ; briqueterie ; atelier de réparation de machines aratoires.
Q. Précisions sur l'encadrement médical ?
R. La commune a un hôpital de 20 lits, avec 30 travailleurs médicaux. Chaque brigade a un dispensaire ; chaque équipe une infirmerie. 80% des travailleurs médicaux sont des médecins aux pieds nus travaillant à la base.
M. Liou nous invite à revenir visiter la commune dans quelques années.
En sortant, au bout de la rue, grande inscription : "Unissons-nous pour réaliser les quatre modernisations socialistes".

14. La Cité interdite (24  août)
Temps pluvieux.


Promenade au hasard. Devant la salle de la Pureté céleste, une grand'mère aux pieds bandés, une petite fille faisant pipi sur le passage autrefois réservé à l'empereur. Dans les annexes, vers  l'est, un petit restaurant distribue des assiettes de riz et des bols de soupe. Averse.


J'achète un petit guide du Palais impérial, le catalogue des expositions de peintures et de bronzes, et  un pamphlet en chinois contre l'impératrice Cixhi (Tseu-hi) : sur la couverture, caricature de  l'impératrice tenant une pancarte sur laquelle on lit : "Utiliser toutes les forces économiques et morales  de la Chine pour satisfaire les pays amis"  (c'est-à-dire les impérialistes) ; à l'autre main, un grand sabre ébréché ; je croyais qu'il signifiait la défense nationale sacrifiée par Cixhi ; Fong me dit qu'il  symbolise la répression du mouvement progressiste.

15. Rue du centre de Pékin
Nous mangeons au restaurant en ville (celui de l'hôtel Xinqiao) et nous n'avons qu'une rue à suivre pour atteindre l'hôtel Beijing où il y a des taxis. C'est une rue commerçante

 

16. La colline du charbon
C'est l'après-midi "libre". Les uns vont se reposer après le repas, puis aller en car, avec les  interprètes, au magasin de l'Amitié. D'autres vont revenir à la Cité interdite, monteront à la colline du charbon et resteront en ville jusqu'au soir puisque nous mangeons au Canard laqué. Nous sommes  quelques-uns à choisir la solution intermédiaire : monter à la colline du charbon immédiatement après le repas, rejoindre les premiers au magasin de l'Amitié, rentrer à l'hôtel pour se laver et se changer, puis revenir au Canard laqué.
Nous allons donc prendre un taxi à l'hôtel Beijing. C'est très simple : les chauffeurs de taxi attendent dans une pièce dans le hall de l'hôtel. Ils effectuent les courses à tour de rôle. Les interprètes nous ont écrit nos destinations sur un morceau de papier : d'abord la colline du charbon, puis le magasin de l'Amitié. Le taxi est bon marché (pour nous évidemment) : nous prenons deux taxis pour sept personnes, cela nous coûte 13 yuans, y compris l'attente à la colline du charbon. De l'hôtel Beijing, nous arrivons rapidement, en longeant les murailles de la Cité interdite. Mais à pied, cela aurait fait une bonne trotte et aurait pris beaucoup de temps.
Promenade. Promeneurs, joueurs de cartes, dormeurs. Nous montons au temple du sommet. Belle vue sur la ville de Pékin.

17.  Le magasin de l'Amitié et le Canard laqué
Le magasin de l'Amitié, situé à l'est de l'hôtel Beijing, est très décevant. On y trouve les produits pour touristes, d'un goût qui n'est en général pas le nôtre, ni celui des importateurs occidentaux d'ailleurs. Nous achetons sans entrain quelques bricoles et une casquette verte de l'Armée populaire, mais sans l'étoile. Entre le magasin de l'Amitié et l'hôtel, je discute avec Wang. Il critique certains aspects de la révolution culturelle qui ont permis à des attitudes mauvaises de se développer, par exemple : cracher par terre. Avant la révolution culturelle, des enfants faisaient de la propagande dans la rue avec des haut-parleurs : ne crachez pas par terre, ce n'est pas propre, etc. Avant, il y avait dans les transports en commun des places réservées aux vieux, aux femmes enceintes. Sous l'influence de la bande des Quatre, certains jeunes disaient : "Comment ? Je devrais laisser ma place à une femme qui a peut-être une mauvaise origine de classe ?"
Je demande à Wang : "Finalement, qu'est-ce que la révolution culturelle a apporté de bon ?"
Réponse : Premièrement on a étudié la pensée révolutionnaire de Mao Tsétoung, le marxisme-léninisme. Cela nous a permis de savoir reconnaître ce qui est erroné et de le critiquer par des dazibao. Deuxièmement on a lutté contre la bureaucratie qui sévissait surtout chez les cadres supérieurs. Il y a les écoles du 7 mai. Maintenant les cadres ont les mains calleuses. Ceux de la campagne font 200 jours de travail manuel ; ceux des usines, 150 ; nous, au bureau, nous prenons en charge l'entretien et aussi nous participons au creusement des souterrains.
Madame Caumont a perdu son portefeuille au magasin de l'Amitié. Le soir, l'autobus nous arrête devant l'hôtel des Nationalités. Les Caumont, avec Fong, prennent un taxi pour revenir au magasin. Le portefeuille est retrouvé.
Le Canard laqué se trouve dans la "ville chinoise" aux rues commerçantes et pleines de monde, au sud de Tian'anmen.
Dans le restaurant, salles réservées aux étrangers, mais je vois entrer un cadre (?) au beau costume gris, suivi par des subalternes (?) dont un porte obséquieusement la veste du cadre. Fine bouffe, d'après les connaisseurs. (Voir Aujourd'hui la Chine n°10 de mai 1978, article "Au pays du canard laqué".) Je suis choqué par l'impression de gaspillage (ce sera la seule fois).

18. Route de l'aéroport
Larges artères, mais véritable embouteillage de camions de toutes sortes, allant dans les deux sens. Nous traversons d'ouest en est la partie nord de Pékin, et c'est toujours l'imbrication de la ville et de la campagne : maisons basses, quelques immeubles plus hauts, champs et jardins, ateliers et entrepôts.
A l'aéroport, une grande statue de Mao, les portraits de Mao et de Hua, une peinture traditionnelle représentant l'envol d'un aigle, deux poèmes de Mao, dont "Neige" (voir ci-dessus Pékin 5- Les collines parfumées).

19. Le paysage vu d'avion
Dans l'avion, nous sommes princièrement servis : distribution de serviettes chaudes, de bonbons, d'éventails, d'insignes, de sorbets, de cigarettes. Les éventails sont décorés sur une face d'un poème de Mao "Retour aux monts Jinggang", et sur l'autre d'une peinture illustrant ce retour (Poème : voir Jiangxi, Le musée de la lutte dans les Jinggang.)
Le temps est parfaitement beau, le ciel sans un nuage et nous pouvons voir un paysage magnifique. Les photographes fanatiques du groupe sont frustrés car il est interdit de photographier depuis l’avion. Canaux, champs, nombreux villages, large ruban jaune du Huang He, puis, sans transition, les chaînons escarpés du Shandong. Au sud, grands lacs et Grand Canal. Wang évoque le projet, bientôt réalisé, de diriger les eaux du Yangzi vers le bassin du Huang He : il faudra les pomper jusqu'en un certain point et de là elles s'écouleront vers le nord en suivant la pente. Dans dix ans on pourra aller de Pékin à Hangzhou en bateau en quatre jours.